Yooma à Paris

Le 19 octobre 2019

Le commanditaire, le designer, l'artiste et le cuisinier

Ce pourrait être un titre à la Peter Greenaway, tant ce lieu dégage un encyclopédisme singulier. Son cube, posé sur la dalle du quai de Grenelle - Front de Seine futuriste et cinétique de béton et de métal, architecturé dans les années 1970, où Wenders, Gondry, Verneuil, Lelouch ont posé leur caméra -, est une vraie boîte à malice. Né de la volonté de l’entreprenant et iconoclaste Pierre Beckerich et de l’imagination d’Ora-ïto, génie vibrionnant du design, avec la complicité bien cadencée de Daniel Buren, Yooma n’est définitivement pas un hôtel comme les autres.

Écosystème tout à la fois urbain-malin, écolo-connecté, arty-décomplexé, on y vient à deux, à six, en famille, en tribu, y poser ses valises et y dormir à budget raisonné. Mais aussi, en toute Yooma-nité (jeu de mots avec le terme anglais « humanity »), pour y boire un flacon à la bonne franquette, y partager des nourritures célestes cueillies sur le toit, y voir et y chiner du design…

Bleu... Buren

Ora-ïto a entièrement redessiné l’hôtel Yooma, avec son complice Daniel Buren, dont le bleu indigo rythme les lieux.

Au bâti : Daniel Buren, l’homme des colonnes du Palais-Royal, des « Cabanes imbriqués éclatées », des sites dans les sites, des lieux dans les lieux, qui fragmente et zèbre l’espace de ses couleurs franches et de ses bandes passantes pour mieux multiplier les points de vue. « Le bleu indigo, pour faire contrepoint à la gamme de l’esplanade (les buildings environnants sont rouges, orange…), s’est tout de suite imposé », raconte-t-il. Sur cette trame viennent courir ses fameuses bandes noires et blanches le long des murs, des couloirs… en un aller-retour continu entre l’extérieur et l’intérieur. Un dedans-dehors qui rythme l’espace, fil conducteur de la quête architecturale de l’artiste. Depuis le Palais-Royal, c’est sa première œuvre pérenne ! Et Ora-ïto de s’enthousiasmer : « Seul Daniel pouvait faire de ce bâtiment raté et abandonné depuis des dizaines d’années une œuvre d’intérêt. C’est devenu un objet commun, un Buren-ïto. »

Urban Lodge

L’idée : répondre au besoin de la génération Y. Une génération hédoniste et connectée, qui voyage en tribu, en famille, en bande d’amis. Et à qui l’hôtellerie classique, pas plus que le sans-service du Airbnb, n’offre de réponse. Un terrain de jeu sur mesure pour Ora-ïto, dont l’esprit graphique et ludique n’aime rien tant qu’emboîter formes et usages. Sur les cent six chambres de l’hôtel, 80 % peuvent accueillir de quatre à six personnes. Les lits bannettes recèlent la même literie que celle du Plaza Athénée. À portée de chargeur, prises USB et WiFi pour tous. Baignoire enfant à disposition pour les petits et visiophone pour pouvoir dîner ou boire un verre en gardant un œil sur la chambrée. Laverie pour faire tourner une machine, salles de jeux, de sport, sauna, e-conciergerie… : tout a été pensé jusque dans les moindres détails.

Un robot majordome

Il vous accueille dans le hall d’entrée. Et peut, si vous le désirez, faire votre check-in. De son petit ventre bleu sort alors la carte magnétique d’accès à votre chambre. Le code-barres de cette dernière peut même être entré dans votre téléphone, qui deviendra sésame.

Le potager au sommet

Herbes aromatiques, légumes, baies, fleurs… Vingt mille plants occupent les mille mètres carrés du toit. C’est à ce spectaculaire potager planté en caissons que le chef Dimitri Szydywar s’approvisionne au quotidien. Ainsi que quelques Parisiens chanceux, à qui sont concédés, leçon de jardinage à l’appui, quelques arpents de cette exploitation maraîchère à ciel ouvert.

Le goût du partage

Le restaurant de l’hôtel Yooma avec ses chaises toutes différentes et toutes signées par des designers.

Le restaurant peut accueillir cent trente couverts. Il est ouvert à tous midi et soir. Au menu, bio et démocratique (30 € environ) : des assiettes qui font la part belle à la manne potagère du toit et des plats à partager pour les tribus. Côté vins : de grandes étiquettes, mais aussi 70 % de petits producteurs. Au verre, on paie au prorata du prix de la bouteille. Et si l’on décide d’emporter cette dernière, elle est proposée au tarif caviste.

Des assises design

De styles variés et d’époques différentes, toutes les chaises du restaurant sont uniques et signées par un designer. Chacune porte une étiquette indiquant l’année et le nom de l’artiste qui l’a conçue. Et aussi un code QR grâce auquel on peut savoir où la trouver, à quel prix, découvrir son histoire…

Recettes connectées

Un plat vous plaît au restaurant ? Avec le Flashcode qui s’affiche sur l’addition, il est possible d’en récupérer la fiche recette sur Internet. Mieux : on peut la refaire avec le chef, qui donne des cours six jours sur sept à l’atelier de cuisine.

Une fenêtre sur l'art

Un écran géant interactif, installé dans le lobby, permet de faire dérouler deux cents œuvres d’artistes : comme une sorte de balade arty dans les galeries de Paris où l’on va et vient avec une tablette. Et, là encore, si une œuvre d’art séduit, on peut être mis en relation directement avec la galerie où elle se trouve. Et, au sein même de l’hôtel, trois ateliers accueillent des artistes en résidence pour une période de trois à six mois. Leur travail est ensuite exposé in situ. Bref, Yooma incarne l’auberge espagnole de demain, un melting-pot joyeux, design, high-tech, qui cultive son potager, multiplie les lits par six, et vous fait voir la vie par le prisme de ses bandes. Celles de Buren et de ses néonomades en quête de services bien compris et éco-demandeurs. Le monde change, l’envie du monde aussi. Bienvenue dans cet urban lodge dont Ora-ïto est le talentueux et facétieux thaumaturge.

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